Je viens de commencer le livre "se marier autrement" et j'ai trouvé le chapitre des traditions super intéressant, ça nous permet de savoir comment cela se passait avant, selon les régions. Je vous mets quelques lignes :
- La cérémonie : La mariée est généralement la dernière à arriver à l'église au bras de son père. Elle ne porte aucun bijou à part sa bague de fiançailles et un collier discret. Un enfant la précède, symbole de forces nouvelles. Des enfants d'honneur, formant de petits couples, la suivent en tenant sa traîne. Elle remonte la nef et va s'installer à droite devant l'autel où l'attend son époux. Sa famille occupe la partie gauche de l'allée centrale, celle du marié la partie droite. Au moment du "oui", il n'y a pas si longtemps encore, la jeune femme regardait sa mère pour avoir son accord.
- En Savoie : une noix pour deux
Pour savoir si un prétendant qui vient faire sa demande en mariage sera accepté ou non, les Savoyards se passent de mots et de discours. Si on attise le feu en sa présence, si on le met à la place d'honneur près du feu ou qu'on lui donne un plat de soupe avec beaucoup de fromage, il est assuré de son succès. En revanche, si la jeune fille introduit quelques grains d'avoine dans sa poche ou qu'on le fait asseoir près du feu, là où sont empilées les buches, on lui signifie que sa demande en mariage est refusée. Les noces en Maurienne ont souvent lieu en juin, période où le travail, entre semailles et fenaison, n'est pas trop pressant. Les fiançailles ont lieu peu de temps auparavant : le fiancé offre à sa future une pièce d'or, appelée l'engagement, une chaîne avec une croix et un coulant en forme de coeur. Le vendredi est le jour des sapins. Tous les garçons de la noce partent dans la forêt couper de jeunes épicéas qu'ils dressent devant la maison de chacun des deux époux et devant l'église. Les jeunes filles les décorent de rubans. Le jour de ses noces, la mariée de la vallée des Arves porte autant de rouge que possible et beaucoup de fleurs artificielles en couronne autour de la coiffure. Le marié, ses parents et amis, montés sur des mulets enrubannés, forment un cortège et partent à l'assaut de la maison de la belle. Toute la noce part à dos de mulet à la mairie puis à l'église. Le long du chemin, en traversant les villages, les jeunes gens offrent du vin à tous les passants.
En Dauphiné, dans chaque village traversé, une table est mise au milieu de la route avec un verre de vin et deux noix confites. Les mariés doivent boire chacun la moitié du verre et une manger une moitié de noix : ils sont dorénavants unis comme les coquilles d'une noix. A la sortie de l'église, tout le monde se rend chez les parents du marié. Sur le seuil, on fait boire aux jeunes mariés un verre de vin chaud contenant une pincée d'avoine, censée surexciter leur ardeur amoureuse. Le festin se déroule avec beaucoup de vin et de chansons. Vient enfin l'heure de la soupe à l'oignon. C'est le moment que choisissent les époux pour s'éclipser.
- En provence : lancer de blé
Pour éloigner le mauvais sort, on met du sel dans la poche du marié et dans la chaussure de la mariée. La mariée arlésienne, jusqu'à la guerre de 1914, se marie le plus souvent en noir. Elle portera à nouveau son costume de noces le jeudi saint suivant son mariage, à condition qu'elle ne soit pas enceinte. La coiffe de la mariée se compose souvent d'un voile, qu'elle noue au moment d'offrir son bouquet de fleurs blanches à la Vierge. A la sorti de l'église, les nouveaux mariés passent sous un arceau fleuri. Le mari offre à sa femme la clé de leur demeure, qu'elle accroche à sa ceinture. Une coupe de blé est alors remise à la mariée, qui en jette le contenu sur ses beaux-parents pour montrer sa ferme intention d'apporter la prospérité dans sa nouvelle famille. Les invités lui lancent alors des dragées et de la monnaie. Les jeunes mariés sautent une barre fleurie ou un ruban tendu, symbole de leur passage dans leur nouvelle vie. La mariée reçoit trois petits pains : elle en offre deux à sa famille et donne le troisième à ses amis. Cela signifie qu'elle saura nourrir sa famille mais qu'elle n'oubliera pas ses amis.
- Dans les Landes : les invités font le service
La coutume veut que le prétendant et ses parents viennent dîner chez les parents de la jeune fille pour faire la demande. Si, au moment du dessert, une noix est servie, cela signifie qu'elle est rejetée. En cas d'acceptation, deux voisins désignés par la famille vont prier les invités à la noce en tapant aux portes munis de cannes. Si la maîtresse de maison accepte l'invitation, elle attache un ruban à la canne. Le jour de la noce, les cannes enrubannées sont accrochées derrière la table d'honneur, autour d'un drap blanc où est inscrit "honneur aux mariés". Pendant le repas, les invités servent le vin et sont chargés d'apporter les plats à table. Si une bouteille vient à se vider entièrement, les moqueries fusent et l'on allume un morceau de papier dans la bouteille.
- La tradition de la rôtie
Avant la nuit de noces, les amis viennent apporter la "rôtie" aux époux. Sucrée, c'est une mixture à base de vin blanc, de chocolat et d'oeufs servie dans un pot de chambre ; épicée, c'est un vin chaud aromatisé aux vertus aphrodisiaques... En Bretagne, c'est une soupe au lait avec des morceaux de pain. Les mariés sont obligés de se prêter à la "dégustation". Le rite de la rôtie a parfois pour but de retarder la consommation du mariage : le marié, le ventre plein, aura du mal à accomplir son devoir conjugal. Pour d'autres, il redonne des forces au marié et stimule la sexualité du jeune homme. En Bourgogne, c'est un vin miellé et poivré, dans lequel on rajoute, dans le Limousin, de la cannelle.
- Dans le Jura : le marié est interdit de table d'honneur
La demande en mariage dans le Jura a son romantisme bien à elle : le jeune amoureux offre des pièces d'or ou d'argent à son élue. Si elle les empoche immédiatement, c'est qu'elle accepte. Dès lors, elle est considérée comme fiancée. Si elle entend changer d'avis, elle devra rendre le double de la somme. La veille de la noce, alors que la fiancée fait les derniers essayages de sa robe, ses amis lui offrent un mauvais morceau de pain noir ainsi que du gâteau et un verre de vin. Le message est sans ambiguïté : son nouvel état amènera à la fois des peines et des joies. Le mariage se célèbre dans la paroisse de la fiancée, qui, la tête ornée d'une couronne de myrte fleuri, se laisse conduire, après quelque résistance, à l'église, au bruit des armes à feu et des instruments de musique. Le père ouvre le cortège, tandis que le futur époux reste en arrière avec les viellards. La cérémonie achevée, le père de l'époux ramène l'épouse au logis pendant que des cris, des coups de pistolets et de fusils, et les sons de la musette expriment de nouveau la joie du jour. Le couple arrive devant la maison du jeune homme, la porte est close. De l'intérieur, la mère du marié leur jette plusieurs poignées de blé, fêves, pois, pour leur souhaiter la prospérité. Bientôt la porte s'ouvre, la mère s'avance sur le seuil et présente à sa bru un verre de vin et un morceau de pain. La jeune femme partage ce présent avec son époux, car tout entre eux va devenir commun ; puis elle est introduite dans la maison. Les invités s'installent ensuite autour de la table de fête mais le marié n'y prend pas place : tous les honneurs sont réservés à sa femme.