Petit coup de gueule parce que je ne supporte plus les personnes qui nous disent de "relativiser".
Voici ce que j'ai publié sur mon compte :
Bon... j'en ai assez. Si le texte qui va suivre vous touche ou vous paraît trop vif, dîtes-vous que ce sont sept semaines d'enfermement dans un appartement sans espace vert qui parlent.
Je ne supporte plus qu'on me dise de « relativiser » la situation parce qu'il y a pire en ce moment. Oui, je le sais, je le vois, merci. Mais ce qui est en train de se passer, ce qui nous arrive, c'est notre « pire » à nous. Jamais, comme vous tous, nous n'aurions pu imaginer vivre quelque chose de la sorte. Sauf que voilà, ça n'aurait pas eu le même impact pour nous si ça avait été à un autre moment.
Un mariage, ce n'est pas simplement la robe blanche, la venue vers l'autel de l'église au bras de son père, la grosse bouffe et la bonne soirée. Ceux qui ont déjà eu à organiser un mariage savent que c'est bien plus que ça. C'est du temps, de l'argent, de la joie, des larmes, de l'impatience, des doutes, des remises en question, des choix constants à faire.
C'est pour notre part, un an de préparation. Des mails envoyés par dizaine pour trouver prestataires, prendre rendez-vous, faire attention à ce que chaque détail s'accorde avec l'harmonie de la journée. Ce sont des journées, des soirées entières passées à bricoler des choses avec nos petites mains, à mettre un peu de nous dans chaque objet.
Lorsque vous nous dîtes de relativiser, vous ne savez pas quelles épreuves on a pu traverser pour en arriver ne serait-ce même qu'à l'idée de se marier. Le cheminement a été long et il se rallonge encore. Alors oui, oui ça nous fait mal. Les « anti-mariages » ou ce qui ne souhaitent simplement pas se marier, je sais que je ne trouverai pas les mots pour vous l'expliquer. C'est profond, c'est dans les tripes. Parce que personnellement, même si nous avons pu reporter la date, je le vis bien comme une annulation. Cette journée qui aurait dû se passer dans un peu plus de trois semaines, je l'attendais impatiemment, je la voyais se rapprocher.
Quand toute cette merde à commencé, nous étions encore confiants. Deux mois ça laisse laaargement le temps au virus de dégager. Hahaha. Les prestataires nous disaient d'attendre, ils étaient confiants. Et puis, petit à petit, le rêve devient déjà brouillard. On passe des journées entières à y croire, à en parler, alors qu'au fond de nous on sait déjà que c'est mort. Mais on ne peut pas se résoudre à le dire à tout le monde, c'est trop difficile, ça voudrait dire que ça y est, c'est acté.
Dans toute cette course qui ressemble un peu trop à l'organisation d'un deuxième mariage, nous avons perdu des prestataires car nous avons tardé à prendre la décision de reporter. Alors il a fallu tout recommencer : prospecter, téléphoner, envoyer des mails, voir ce qu'on peut encore se permettre de financer.
Mais au-delà de tout cet aspect organisationnel, le pire dans tout ça c'est la culpabilité. Je ne peux m'empêcher de m'en vouloir pour celles et ceux qui viennent de loin, qui ont pris des congés, réserver des logements, acheter des tenues d'été, investis du temps et de l'argent.
Changer de saison pour un mariage, c'est aussi prendre le risque de perdre cette belle lumière que nous aurions pu avoir sur nos photos, perdre la possibilité de faire un vin d'honneur au grand air. Ne pas pouvoir exploiter les décorations que nous avions prévues, devoir changer de tenues, oublier les beaux clichés en extérieur s'il pleut.
Repousser de quelques mois, c'est repousser ENCORE une fois d'autres projets importants que nous voulions mettre en œuvre. C'est devoir ENCORE attendre.
L'annulation de ce jour, c'est le deuil d'un rêve, de notre rêve tel que nous l'imaginions depuis 365 jours. Alors quand vous venez nous demander comment on va et qu'on vous répond « pas trop bien », s'il vous plaît, ne nous dites pas de relativiser. Ne remettez pas en cause notre légitimité à avoir mal, à être mals. Il me semble que pour une journée à plusieurs milliers d'euros, et avec un investissement psychologique aussi intense, c'est la moindre des choses. Merci
Qu'en pensez-vous et comment prenez vous ce genre de remarque ?
Bonne journée